mercredi 20 janvier 2016

Didier DEMOZAY « AFFRONTEMENT »

Du 23 janvier au 27 mars 2016, la Ville de Nice propose à la galerie des Ponchettes, espace géré par le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice, une exposition consacrée à Didier Demozay. L’artiste présente quinze grandes toiles réalisées entre 2007 et 2015, pour la plupart inédites, qu’il définit comme des surfaces colorées.

Didier Demozay est né en 1950. Il étudie à l’école nationale des Arts Décoratifs de Nice. Marqué par les œuvres sur papier de Sam Francis qu’il découvre à Paris à la galerie Jean Fournier, mais aussi des minimalistes américains, des recherches du groupe BMPT et Supports/Surfaces, Didier Demozay peint ses premières toiles libres dès 1975.

A l’occasion des expositions « peinture fraîche » organisées à la galerie d’art contemporain (GAC) de Nice en 1983, Jean Fournier remarque son travail. Trois ans plus tard, le galeriste lui propose une exposition, qui sera suivie d’une longue collaboration.

Didier Demozay est présent dans les collections du Mamac avec une peinture sur toile libre datant de 1982.
Didier Demozay, Sans titre, 2013. Acrylique sur toile. 190 x 230 cm. © Didier Demozay. Photo: Muriel Anssens
La peinture de Didier Demozay «se tient», simplicité qui dénote cependant une certaine histoire de la peinture où apparaissent les œuvres de Cézanne – «ça tient» n'était-il pas le seul critère d'évaluation que Cézanne se reconnaissait? – et de Matisse. Elle se tient debout, face à nous, dans son altérité, et c'est en cela qu'être confronté à cette peinture prend nécessairement la forme d'une rencontre. Chez Didier Demozay cette recherche ne prend pas la valeur d'exactitude systématique que l'on trouve chez Kelly.

L'adéquation de la forme colorée à un espace ne saurait s'accomplir dans une situation absolue et définitive qui émane des surfaces uniformes de Kelly avec leurs productions réglées et leurs contours tranchés. De l'affirmation d'une stricte littéralité par Kelly au début des années soixante, découle un effacement du geste pictural pour une transformation du tableau en un objet inscrit dans l'espace architectural. Différence d'approches qui est aussi celle entre deux générations et façons de penser leur peinture dans l'histoire.
Didier Demozay, Sans titre, 2009. Acrylique sur toile. 180 x 270 cm. © Didier Demozay
Le geste de passage de la couleur qui reste visible chez Demozay détermine, plutôt qu'il ne dessine, les peu de formes: «presque carrés», motifs anguleux ou ovoïdes dans des œuvres plus anciennes. A chaque fois, il s'agit moins de formes que de l'inscription de la couleur dans la surface blanche du tableau, manière de rendre visible les conditions d'apparition de la peinture. Le blanc, dans lequel s'inscrivent ces formes-couleurs, est donc un lieu actif: celui d'une mise en tension entre ces masses colorées. Il ouvre l'espace où ces formes semblent à la fois glisser dans un mouvement d'expansion vers l'extérieur du tableau, menaçant ainsi son unité, et se maintenir ensemble dans la surface. La peinture se tient entre ces deux mouvements contradictoires plus ou moins accentués. L'utilisation du diptyque et l'extension latérale des très grands formats soulignent notamment cette tension. Chaque œuvre réalise cet équilibre instable qui, s'il n'a pas une valeur d'exactitude, est néanmoins extrêmement précis, à la limite de sa rupture.

Romain Mathieu, «Didier Demozay: la vie intense de la peinture», plaquette centre d'art H du Siège de Valencienne, 2015

23 janv.-27 mars 2016 - Vernissage : Vendredi 22 janvier 2016 à 18 heures 30

Galerie des Ponchettes - 77, quai des Etats-Unis. 06300 Nice
Renseignements: 04 93 62 31 24 www.mamac-nice.org

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire