vendredi 30 juin 2017

L'ironie macabre d'Eduardo Arroyo à la fondation Maeght

Pour sa grande exposition estivale, la fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes) ouvre ses portes samedi et jusqu'au 19 novembre au peintre espagnol Eduardo Arroyo, toujours actif et sans complaisance à 80 ans.


L'exposition présente un grand ensemble de peintures, dessins, collages, et sculptures, sous le titre "Eduardo Arroyo. Dans le respect des traditions", très ironique pour un artiste connu pour son humour macabre, son irrévérence et ses double-sens.

"Il y a des tableaux qui appartiennent à son histoire de créateur, d'autres faits cette année", indique Olivier Kaeppelin, directeur de la fondation. "Il pense sur des questions qui nous occupe tous: la mort, les rapports de force mais il traverse tout ça avec une incroyable légèreté et ironie", ajoute-t-il.

On découvrira un saisissant "Van Gogh sur le billard d'Auvers-sur-Oise" peint dans l'année écoulée et caractéristique de son art de jongler avec des raccourcis visuels qui transforme ses tableaux en rébus.

On ne voit pas Van Gogh, mais un chapeau et des chaussures, pas de boules sur le billard mais des numéros évoquant une scène de crime, la découpe d'une pièce de viande ou les reliques d'un saint.

"C'est une sorte de question sur ce qu'est Van Gogh pour nous: un suicidé de la société, une pièce de boucherie, un saint?" interroge M. Kaeppelin.

Chaque tableau contient son détail grinçant, qui rappelle qu'Arroyo a aussi été scénographe de théâtre, en plus de pratiquer la littérature.

Allégorie de la vieillesse, il a peint cette année un Don Quichotte au vêtement rapiécé, traversant à dos d'âne une multitude de paysages espagnols. "Si vous regardez en bas, il n'est pas du tout dans un vrai paysage. Il y a une plinthe dessinée, avec une prise", pointe M. Kaeppelin.

Provocateur, engagé, Eduardo Arroyo vécut l'exil sous le franquisme à partir de 1958. L'un de ses grands tableaux rend hommage à une figure du mouvement des mineurs des Asturies réprimé sous la dictature.

Rattaché au mouvement de la Figuration narrative lancé dans les années 1960 en réaction à l'art abstrait et à la profusion d'images qui commence à déferler à l'époque, son travail est hanté par le sentiment d'amour-haine qu'il voue à son pays natal.

"J'aime l'Espagne, pour le Prado", a-t-il confié, sarcastique, lors du vernissage. S'il avait à choisir aujourd'hui, a-t-il ajouté, il serait "bibliothécaire, pas peintre": "Je pense le plus grand mal du monde des arts. Il y a une quantité inimaginables d'artistes qui ne servent à rien et qui devraient être ramoneurs."

© AFP pour TV5 Monde
1er juillet - 19 novembre 2017

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire